« Les crises ont toujours été un vecteur de réinvention », Christine Lagarde

À l’occasion des 25 ans de l’Institut Montaigne, Christine Lagarde, Présidente de la Banque centrale européenne (BCE), a prononcé un discours sur les ruptures qui ont jalonné les relations entre puissances. Comment est-on passé de l’équilibre par la force au multilatéralisme fondé sur les normes ? En quoi l’ère de la puissance dite « systémique », où les asymétries sont déterminantes, constitue-t-elle une rupture ? Comment l’Europe peut-elle continuer à agir ?

En tant que banquière centrale, je mesure tout particulièrement la portée de cette valeur. Dans un monde bouleversé par l’incertitude, l’indépendance institutionnelle, si précieuse, constitue une source de stabilité et de confiance. 

Cependant, l’indépendance n’est pas l’apanage de la seule politique monétaire. Comme l’écrivait Michel de Montaigne : « La plus grande chose du monde, c’est de savoir être à soi. »

Dans le contexte actuel, l’Europe et ses États membres s’interrogent sur leur aptitude à « être à soi » dans un monde où les fondements de l’ordre international sont en pleine mutation.

Depuis le XVIIe siècle, l’indépendance a toujours été fondée sur un équilibre bien établi. Les pays ont mis en place des systèmes d’équilibre stratégique pour prévenir la domination des plus forts sur les plus faibles.

De l’âge westphalien jusqu’à la première moitié du XXe siècle, cet équilibre reposait sur ce que l’on pourrait qualifier de « puissance par la force » (hard power), à savoir la capacité d’un État à se mesurer aux autres par la force militaire.

Après 1945, il s’est orienté vers une forme de puissance par la norme entre États occidentaux. L’équilibre entre les nations était alors préservé par l’adoption de règles et de normes universellement acceptées.

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Christine Lagarde « Les crises ont toujours été un vecteur de réinvention »