Le scandale de la finance verte.

Ce rapport publié par l’Institut Rousseau est une véritable  »bombe » sur les actifs fossiles des banques, mais aussi les enjeux liés à la finance verte. En voici les grandes idées :

Depuis l’adoption de l’Accord de Paris, la finance verte est sur toutes les lèvres et dans toutes les communications.

La COP21 a marqué le coup d’envoi d’une myriade de grands rendez-vous internationaux – One Planet Summits et Climate Finance Days – avec l’ambition affichée de mobiliser l’industrie financière au service du climat.

Les institutions financières, mais aussi les banques centrales et les gouvernements, ont multiplié les annonces au rythme de ces événements.

Néanmoins, ce mouvement vers le durable se cantonne bien souvent à de l’affichage. La stratégie des banques françaises resterait sur une trajectoire de réchauffement de + 4 °C, bien loin de l’objectif de + 1,5 °C inscrit à l’Accord de Paris39. Plus de 5 ans après la COP21, le développement de la finance verte s’avère dramatiquement insuffisant et beaucoup trop lent pour répondre à l’urgence de réorienter les flux financiers.

Sont notamment en cause des produits « verts » peu efficaces et trompeurs, maquillant une réalité toute différente.

Aucun socle légal minimal n’existe pour les produits qui se prévalent d’impacts environnementaux ou sociaux améliorés. Une dénomination durable ou verte n’est pas gage de qualité environnementale réelle.

Par ailleurs, même les labels les plus répandus ne garantissent ainsi pas qu’un fonds exclut les énergies fossiles ou soit compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris.

94 % des fonds labellisés « investissement socialement responsable » (ISR) étudiés par l’ONG Reclaim Finance40 financent des entreprises aux pratiques environnementales et sociales nocives – parmi elles, les multinationales Total, Amazon ou Bayer.

Les obligations vertes ne reposent sur aucune définition légale, elles peuvent respecter des principes volontaires42 mais rien ne les empêche de financer des projets néfastes pour l’environnement.

La finance verte, une fausse solution, note de l’Institut Rousseau

Ces obligations reposant uniquement sur une logique de projet ( use of proceeds ), elles peuvent financer des entreprises à l’impact climatique désastreux, et ne sont pas clairement liées à une baisse des émissions de gaz à effet de serre.

Les banques favorisent encore aujourd’hui les énergies fossiles sur les énergies renouvelables. En 2018, Oxfam France47 montrait que sur 10 euros prêtés par les banques françaises au secteur énergétique, 7 euros vont aux énergies fossiles contre 2 euros aux énergies renouvelables.

Dans ce contexte, les engagements de neutralité carbone des entreprises comme des acteurs financiers cachent de dangereuses failles et omissions qui permettent le développement continue d’activités néfastes.