Crise sanitaire, pourquoi le nouveau monde s’impose

Il  y a  un an je rédigeais un article s’inscrivant en faux contre les prévisions annonçant une fois de plus le pire pour l’Afrique au sujet de la pandémie du Covid. J’étais à contre-courant. ( cf. article Et si l’Afrique était le continent le plus résilient.)

J’annonçais que l’Afrique avait toutes les raisons d’être le continent le plus résistant sinon le plus résilient.

Bien sûr des états ont été frappés durement à l’instar de l’Afrique du Sud.

Cependant des pays ont très bien résisté tel le Rwanda ou encore le Maroc et la Namibie.

Certes me direz vous il faut comparer ce qui est comparable.

Sans parler de la fiabilité parfois remise en cause, mais à tort, des données transmises par les pays africains. A tort car les pays africains doivent faire état régulièrement de leur situation sanitaire auprès de l’ Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Tous les pays ont des comptes à rendre auprès de l’organisation mondiale.

Cette suspicion participe à cette vision retrograde pour ne pas dire anachronique, encore largement répandue malgré les dénis, sur le continent africain. Beaucoup d’États sont équipés d’outils de contrôles aussi modernes, au moins aussi performants, qu’en Europe. 

Néanmoins, quelle que soit la taille de la population ou des singularités propres, il y a un facteur commun derrière qui explique cette résilience : la mise en œuvre très tôt de mesures draconiennes prises par les pouvoirs publics.

Quand on voit le défi que leur application représentait en l’occurrence dans les quartiers désœuvrés et les décisions courageuses prises par ces gouvernements pour tenter de relancer des économies à genoux, il faut saluer cette prise de risque globalement absente en Europe.

Abondant dans ce sens, Sébastien Bazin, président du groupe hôtelier Accor a déclaré « J’ai un profond respect pour la façon dont l’Afrique a géré cette épidémie de manière beaucoup plus efficace que nous l’avons fait en Europe. On a beaucoup à apprendre de ce qu’ils ont fait en Afrique », lors du forum pour analyser la vie des entreprises sur le continent africain et leur contribution à l’économie organisé par le Cian (Conseil des investisseurs français en Afrique)

Dans beaucoup de pays d’Afrique c’est une vie quasi normale depuis des mois qui rythme le quotidien de ses habitants.

Au-delà de l’Afrique, d’autres pays du monde démontrent une gestion de la pandémie plus efficace, pour ne pas dire plus performante que le monde occidental.

Cette crise sanitaire est et restera un des grands marqueurs qui acte l’émergence de ce nouveau monde sous nos yeux dont le fait saillant est la montée en puissance du continent asiatique et africain et son pendant le recul de l’Occident. 

Un passage de témoin que nous vivons en direct, un moment historique de la même veine que l’effondrement du Mur de Berlin.  Un monde ancien disparaît au profit d’un monde nouveau. 

Crise sanitaire, pourquoi le nouveau monde s’impose

Pourquoi en Europe et en particulier en France nous ne sommes pas capables de ce retour dès maintenant et progressif à la normale ?

Pourquoi autant de pays africains parviennent-ils à maintenir leurs commerces ouverts alors qu’en Europe c’est un échec à grande échelle ?

Il y a deux explications. D’une part,  l’arrogance des élites politiques, particulièrement vrai en France, qui sont convaincues de détenir seules les vérités universelles et absolues.

Combien de fois nous ont-elles dit qu’il n’ y avait pas d’alternative. Au mépris le plus élémentaire de l’intelligence collective, de l’évidence et de la démocratie. 

Or l’échec de la gestion de la crise sanitaire devrait les conduire à davantage d’humilité. Mais tout mea culpa est exclu. Même si les faits sont têtus et leur donnent tort dans la gestion.

D’autre part, la faute à cette défiance infondée des politiques et pouvoirs publics, en l’occurrence en France, envers leurs citoyens et les professionnels. 

Pourquoi en Afrique ou d’autres pays du monde accorde-t-on cette confiance ? Et non en Europe ? Surtout quand les protocoles sanitaires sont appliqués avec succès et les habitants respectent les règles en vigueur.

Cette défiance du politique et des autorités publiques est une honte car elle confirme ce sentiment inné et auto entretenu chez ses leaders d’être les seuls à posséder le savoir et les compétences. 

Peut-être sont-ils emportés, au passage, malgré eux, par cette ivresse de la toute puissance de ces pouvoirs exceptionnels qu’ils s’attribuent, avatar de ce contexte inédit ?

Au risque de mettre en péril des décennies d’avancées socio-économiques et de rompre le contrat social, un des piliers de nos régimes politiques solidement édifiés au cours de décennies avec les conséquences dramatiques et très probables. Des séquelles il y en aura mais dans quelle mesure et avec quel impact, deux inconnues à ce jour. 

Mais c’est un autre débat, l’histoire sera seule juge ….