« Après des années d’ambiguïté, la question semble tranchée : la politique extérieure des Etats-Unis sera fondée sur un unilatéralisme mâtiné d’isolationnisme. » Dans ce bel article, Jean Marc Siroën (1) met en perspective la phase de création d’une jurisprudence commerciale internationale (un droit certes imparfait mais assurant une certaine visibilité) avec la doctrine commerciale historique des Etats-Unis (reposant souvent sur un mercantilisme chronique). Le trumpisme introduit un point de rupture significatif : le principe de « stabilité hégémonique » avec une certaine bienveillance et relevant d’une certaine maturité est désormais balayé par un mercantilisme désordonné, pur et dur… Nul doute que l’incertitude ouvre les perspectives de stratégies opportunistes d’autres puissances…
(1) Professeur émérite à PSL, Université Paris-Dauphine. Enseignant chercheur spécialiste d’économie internationale. Auteur de nombreux articles et ouvrages sur la politique commerciale, les traités de libre-échange, le commerce international, les organisations internationales.
VOICI VENU LE TEMPS DE L’INSTABILITÉ HÉGÉMONIQUE…
Le 4 septembre 2025, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) mettait en ligne une vidéo pédagogique intitulée « Qu’est-ce que le système commercial multilatéral ? ». Elle présente, sur un ton à peine désabusé, les principes que cette organisation internationale est censée assurer au bénéfice de tous les pays membres : non-discrimination, transparence, prévisibilité, règlement des différends. Bien évidemment, la vidéo se garde bien de signaler qu’aucun de ces beaux principes n’a résisté à la tornade Trump. Aucun.
Le Président américain n’abandonne rien au système multilatéral. Après des années d’ambiguïté, la question est (définitivement ?) tranchée : la politique extérieure des Etats-Unis sera fondée sur un unilatéralisme mâtiné d’isolationnisme. Ainsi, les grands principes de l’Organisation Mondiale du Commerce déjà affaiblis par les prédécesseurs de Donald Trump (dont lui-même) sont maintenant rejetés dans les poubelles de l’histoire sans même qu’il n’ait besoin de quitter l’organisation. C’est bien ainsi que doit être compris le Liberation Day du 2 avril 2025 qui listait une longue série de tarifs qui semblait avoir été tirés au sort. Plus encore que leur niveau, « négociable », leur caractère discriminatoire confirmait surtout la volonté américaine d’en finir avec le multilatéralisme commercial.
Lire l’article : Voici venu le temps de l’instabilité hégémonique
