Pour l’Inde, la Russie est un investissement à long terme

Depuis le début des années 60, les relations entre l’Inde et la Russie sont proches et durables avec entre autres « un vecteur continu », qui fait encore recette (la lutte anti-coloniale).

Par son immensité et son histoire, l’Inde est centrale au coeur du « Sud Global », s’affichant comme l’un des portes paroles essentiels.

Sa doctrine du « multi-alignement » lui fournit des bénéfices stratégiques mais aussi des avantages économiques (cf pétrole payé en roupies et vente de produits raffinés de l’Inde à l’UE).

Toutefois cette doctrine rencontre des difficultés croissantes avec « l’encombrant » conflit ukrainien, une Chine m enaçante… qui rendent nécessaire un rapprochement relatif avec l’Occident.

Avec une grande clarté analytique, Olivier Da Lage (1) nous fait pénétrer dans les relations diplomatiques essentielles de l’Inde, qui pourrait être de plus en plus perdante dans le triangle stratégique : Russie/Chine/Inde.

Un mois après sa reconduction à la tête du gouvernement indien, Narendra Modi s’est envolé le 8 juillet pour Moscou où il a passé deux jours avant de se rendre en Autriche. Certes, ce n’était pas à proprement parler son premier voyage à l’étranger après avoir entamé son troisième mandat puisqu’il s’était rendu à Bari à la mi-juin pour assister au G7 à l’invitation de la présidence italienne mais il avait en revanche séché dans la foulée le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï qui se tenait à Astana les 3 et 4 juillet.

Moscou représentait donc la première visite bilatérale de son nouveau mandat alors que la tradition veut plutôt que les premiers ministres indiens choisissent un pays du voisinage (Modi s’était rendu au Bhoutan après son élection de 2014 et aux Maldives après le scrutin de 2019). C’était aussi la première rencontre en tête-à-tête avec Vladimir Poutine depuis l’invasion russe de l’Ukraine et plus précisément depuis la visite à New Delhi du président russe en décembre 2021 à l’occasion du sommet annuel. De sommet annuel, il n’y a donc pas eu en 2022 et 2023 – à l’initiative de l’Inde – alors même que depuis 2014 et son accession au pouvoir, le premier ministre indien avait rencontré Vladimir Poutine seize fois auparavant, avant donc la rencontre du 8 juillet.

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