Le débat patriotisme économique/souveraineté industrielle fait rage aujourd’hui dans de nombreux pays, poussant à la construction de « cordons stratégiques ». Il ne faut pas oublier que pour les Etats-Unis depuis l’indépendance, la tradition est historiquement protectionniste avec une législation qui s’est largement approfondie dans les années 30.
Elle possède bien sûr des périodes de sommeil, de rémission, mais aussi un fort pouvoir de nouveauté (l’IRA aujourd’hui). Derrière l’ambivalence américaine – interventionnisme en creux avec fort potentiel d’intensification – c’est un véritable syndrome systémique et isolationniste qui domine au nom de la sécurité et de la protection des intérêts nationaux.
Dans ce bel article, Jean-Marc Siroën (1) en propose une analyse fine, mobilisant de nombreuses variables explicatives des renversements de doctrine (tout d’abord la géographie mais aussi les courants politiques etc…).
Quel que soit le vainqueur des prochaines élections présidentielles, les États-Unis conserveront leur politique protectionniste. Les mesures décidées par Donald Trump, à peine amendées par son successeur, risquent même de s’amplifier. Cette évolution de la politique américaine entretient un cercle vicieux de désinhibition et de représailles.
Ajoutons, pour être honnête, que la Chine, privée de ses moteurs de croissance traditionnels (bâtiment, infrastructures) et incapable de trouver un relais dans la consommation intérieure, maintiendra, elle aussi, sa politique agressive de soutien aux exportations qui contribuera à la dégradation des relations commerciales.
On aurait tort de trop s’étonner de la résurgence du protectionnisme américain. Depuis l’indépendance, ce sont plutôt les courtes périodes libres-échangistes qui furent l’exception. La géographie contribue à cet état de fait.
Lire l’article : Les Etats-Unis et le protectionnisme, une constance et des variantes